« Le Premier Jour »

étude de cas corrigée

La société « Le Premier Jour » commercialise par correspondance et par l’intermédiaire de magasins franchisés des vêtements, des accessoires et des services (photographies, repas, bals …) pour cérémonies (mariages, naissances, baptêmes, communions…). Elle envisage d’étendre son réseau dans la région Centre, et étudie auparavant l’évolution démographique de la région et en particulier le nombre trimestriel de mariages que l’on connaît par les statistiques de l’INSEE

Pour les calculs, nous considérons la période de 1972 à 1985. Nous pourrons ensuite effectuer les prévisions de l'année 1986 et les comparer aux valeurs réelles. Les données sont extraites de l'ouvrage de A. Bensaber et B. Bleuse-Trillon « Pratique des chroniques et de la prévision à court terme » (Masson, 1989). Elles figurent dans le tableau A1, à la fin de ce document.

 

I. Analyse des mariages.

1) Les données étant trimestrielles, nous calculons les moyennes mobiles centrées de longueur 4 (tableau 1) et les représentons simultanément avec les observations (figure 1).

 

Figure 1 : série des mariages dans la région Centre de 1972 à 1985

Moyennes mobiles de longueur 4

 

Les variations saisonnières auxquelles est soumise la série sont complètement filtrées par les moyennes mobiles qui caractérisent donc la tendance. L’amplitude des variations autour de la tendance ainsi estimée reste à peu près constante pour chaque trimestre, comme on peut le constater sur le tableau A2 donné en annexe. On peut donc penser que le modèle adapté à l’analyse de cette série est le modèle additif.

La série des moyennes mobiles montre que cette tendance est vraisemblablement linéaire décroissante, bien qu’évidemment cela ne puisse concerner que la période étudiée 1972-1985 (on trouvera en annexe un exemple de calcul de moyenne mobile).

 

 

 

1er trimestre

2e trimestre

3e trimestre

4e trimestre

1972

 

 

4235.000

4277.250

1973

4230.750

4130.875

4110.500

4079.875

1974

4052.250

4040.750

3983.875

3946.500

1975

3941.875

3896.250

3846.750

3807.375

1976

3770.000

3756.750

3723.000

3694.250

1977

3676.875

3635.750

3565.500

3523.875

1978

3561.750

3558.125

3521.875

3524.000

1979

3453.000

3373.875

3354.750

3316.375

1980

3304.250

3300.375

3267.750

3177.125

1981

3066.000

3040.500

3041.500

3045.125

1982

3056.250

3057.625

3059.125

3039.000

1983

2998.250

2954.625

2930.125

2938.375

1984

2898.250

2803.875

2741.875

2702.500

1985

2681.375

2667.250

 

 

Tableau 1 : moyennes mobiles de longueur 4 de 1972 à 1985

2) Le modèle choisi étant le modèle additif, les coefficients saisonniers mesurent l’écart moyen entre les observations et les moyennes mobiles pour chaque trimestre. On obtient les coefficients saisonniers suivants :

1er trimestre

s1 = -1641.86058

2e trimestre

s2 =    832.00481

3e trimestre

s3 =  1723.38942

4e trimestre

s4 = - 913.53365

Ces coefficients saisonniers servent à désaisonnaliser la série, c’est-à-dire à estimer le nombre de mariages indépendamment de l’effet trimestriel auquel il est soumis (on donne en annexe un exemple de calcul de valeurs désaisonnalisées).

Le tableau 2 donne les valeurs c.v.s. que nous avons représentées graphiquement ci-dessous (figure 2). Certaines valeurs corrigées des variations saisonnières augmentent d’un trimestre au suivant, par exemple,  du 2e au 3e trimestre de 1972, de 1978. Ces écarts restent toutefois trop rares pour montrer une inversion de la tendance.

 

1er trimestre

2e trimestre

3e trimestre

4e trimestre

1972

4184.861

3869.995

4436.611

4399.534

1973

4282.861

4109.995

3824.611

4212.534

1974

4306.861

3840.995

3872.611

4072.534

1975

3991.861

3856.995

3819.611

3760.534

1976

3907.861

3625.995

3751.611

3722.534

1977

3675.861

3627.995

3610.611

3534.534

1978

3301.861

3668.995

3872.611

3243.534

1979

3302.861

3684.995

3288.611

3194.534

1980

3198.861

3481.995

3394.611

3057.534

1981

3074.861

2880.995

3106.611

3141.534

1982

2998.861

2985.995

3090.611

3168.534

1983

2983.861

2839.995

2910.611

2999.534

1984

2956.861

2932.995

2496.611

2658.534

1985

2801.861

2772.995

2487.611

2554.534

Tableau 2 : valeurs corrigées des variations saisonnières de 1972 à 1985

Figure 2 : série des mariages et valeurs c.v.s. dans la région Centre.

(1972 à 1985)

3) Une fois admis le modèle linéaire additif, le filtre de Buys Ballot est a priori une méthode correcte pour ajuster cette série afin d’effectuer des prévisions. Le logiciel donne les résultats suivants :

Coeff. de régression b

=

-30.34437

Coeff. constant a

=

4308.296

Coeff. de corrélation r

=

0.99397

écart type des résidus s

=

155.76

Coeff. saisonnier .s1

=

-1632.99869

Coeff. saisonnier s2

=

814.84567

Coeff. saisonnier s3

=

1721.04718

Coeff. saisonnier s4

=

-902.89416

Le modèle s’exprime de la façon suivante :

yt = -30.34437 t + 4308.296 + st + et

Le coefficient directeur négatif (-30.34437) correspond à la décroissance de la tendance. L ‘écart type des résidus (155.76) indique l’ordre de grandeur de la variation accidentelle, rarement supérieure à 311 en valeur absolue (2 x 155.76).  

La taille du coefficient de corrélation (r = 0.99397) n’est pas suffisante pour valider le modèle. Elle s’explique par la coïncidence de la décroissance de la tendance et de la croissance du temps t. Il est toujours indispensable d’examiner les résidus.

On remarque les faibles différences entre les coefficients saisonniers calculés par le filtre de Buys Ballot et ceux établis en première question. Ces faibles différences s’expliquent par la proximité de la droite de régression du filtre de Buys Ballot et la série des moyennes mobiles, qui caractérisent chacune la tendance à l’aide de laquelle sont estimés les coefficients saisonniers.

4) Pour contrôler la normalité de la distribution des résidus, on peut effectuer un test du c2 : le résultat ci-dessous a été établi en définissant 9 classes de même amplitude, et en réunissant la première et la seconde, puis les trois dernières : on obtient finalement 6 classes. La moyenne théorique est fixée à 0, et il n’y a qu’un paramètre estimé. Le degré de liberté est donc n = 4.

Test du c²: x² = 0.1562

Ddl: 4

Probabilité critique P(X²>x²) =  0.9949

Les coefficients d’aplatissement et d’asymétrie de la série des résidus confirment d’ailleurs cette hypothèse avec un risque de 5% (pour 50 ou 60 observations): 

-0.492 < cas = 0.0527 < 0.492

2.15< cap = 2.69 < 3.99

Figure 3 : histogramme des résidus

(filtre de Buys Ballot sur les mariages)

La normalité des résidus est donc une hypothèse très vraisemblable.

5) Nous avons calculé les moyennes mobiles de longueur 4 des résidus avant de les représenter graphiquement. La série de ces moyennes mobiles montre qu’il n’existe pas de tendance particulière sur les résidus, qui ne pourrait pas d’ailleurs être linéaire compte tenu des propriétés des résidus (le coefficient de corrélation entre la variable explicative –ici, le temps t, et les résidus est toujours égal à 0).

 

Figure 3 : série des résidus et des moyennes mobiles de longueur 4

(série des mariages, filtre de Buys Ballot)

 

Leur coefficient d’autocorrélation de rang 1 est égal à -0.0076. Un modèle autorégressif des résidus ne donnerait donc aucun résultat intéressant (cf. le TP sur l’autocorrélation).

6) En conclusion, nous disposons d’un outil satisfaisant pour prévoir les mariages, en supposant bien entendu que les conditions légales, économiques et sociales restent les mêmes.

La figure 4 montre l’ajustement de la série des mariages par le filtre de Buys Ballot. La qualité de cet ajustement, que l’on connaît déjà puisque le coefficient de corrélation (0.99376) est très proche de 1, est évidente. Les prévisions devraient être satisfaisantes, mais il ne peut  s’agir évidemment que de prévisions à court terme.

 

Figure 4 : ajustement de la série des mariages par le filtre de Buys Ballot

Nous disposons des observations de l’année 1986. Le tableau ci-dessous permet de les comparer aux prévisions effectuées un an à l’avance :

 

Prévision pour

trimestre

coefficient

saisonnier

tendance

valeur

prévue

valeur

observée

le 1e trimestre 1986

1

-1633.0

2578.7

946

1080

le 2e trimestre 1986

2

814.8

2548.3

3363

3481

le 3e trimestre 1986

3

1721.0

2518.0

4239

4340

le 4e trimestre 1986

4

-902.9

2487.6

1585

1640

Tableau 3 : comparaison des prévisions et des observations

des nombres de mariages en 1986

Les écarts entre les valeurs prévues et les valeurs observées (inférieurs à 150) sont faibles compte tenu de l’écart type des résidus (155). 

Les prévisions apparaissent toutes un peu en dessous des valeurs observées. Cela signifie peut-être que la baisse du nombre de mariages commence à ralentir.

 

En conclusion, la baisse du nombre de mariages dans la région Centre n’est pas un facteur favorable à un investissement pour l’instant. L’avenir plus lointain, dans quatre ou cinq ans, est moins défavorable : les statistique laissent penser que la diminution du nombre de mariages commence à ralentir. Nous conseillons à l’entreprise Le Premier Jour de surveiller l’évolution démographique de cette région et d’attendre la confirmation de ce ralentissement, et de procéder plutôt par croissance externe (adhésion d’une entreprise à la franchise) si elle envisage d’étendre son réseau malgré l’évolution démographique.


ANNEXES



1er trimestre

2e trimestre

3e trimestre

4e trimestre



j = 1

j = 2

j = 3

j = 4

i = 1

1972

2543

4702

6160

3486

i = 2

1973

2641

4942

5548

3299

i = 3

1974

2665

4673

5596

3159

i = 4

1975

2350

4689

5543

2847

i = 5

1976

2266

4458

5475

2809

i = 6

1977

2034

4460

5334

2621

i = 7

1978

1660

4501

5596

2330

i = 8

1979

1661

4517

5012

2281

i = 9

1980

1557

4314

5118

2144

i = 10

1981

1433

3713

4830

2228

i = 11

1982

1357

3818

4814

2255

i = 12

1983

1342

3672

4634

2086

i = 13

1984

1315

3765

4220

1745

i = 14

1985

1160

3605

4211

1641

i = 15

1986

1080

3481

4340

1640

 

Tableau A1 : nombres trimestriels de mariages dans la région Centre

de 1972 à 1986

 

 

La moyenne mobile centrée de longueur 4 s’obtient en appliquant la formule suivante :

 

mmt = [ 0.5 x xt-2 + xt-1 + xt + xt+1 + 0.5 x xt+2 ] / 4

On a :

mm3 = [ 0.5 x 2543 + 4702 + 6160 + 3486 + 0.5 x 2641 ] / 4

= 4235

mm54 = [ 0.5 x 1745 + 1160 + 3605 + 4211 + 0.5 x 1641 ] / 4

= 2667.250

Calcul de moyennes mobiles de longueur 4


 



1er trimestre

2e trimestre

3e trimestre

4e trimestre



j = 1

j = 2

j = 3

j = 4

i = 1

1972

 

 

 1925.000

 -791.250

i = 2

1973

-1589.750

  811.125

 1437.500

 -780.875

i = 3

1974

-1387.250

  632.250

 1612.125

 -787.500

i = 4

1975

-1591.875

  792.750

 1696.250

 -960.375

i = 5

1976

-1504.000

  701.250

 1752.000

 -885.250

i = 6

1977

-1642.875

  824.250

 1768.500

 -902.875

i = 7

1978

-1901.750

  942.875

 2074.125

-1194.000

i = 8

1979

-1792.000

 1143.125

 1657.250

-1035.375

i = 9

1980

-1747.250

 1013.625

 1850.250

-1033.125

i = 10

1981

-1633.000

  672.500

 1788.500

 -817.125

i = 11

1982

-1699.250

  760.375

 1754.875

 -784.000

i = 12

1983

-1656.250

  717.375

 1703.875

 -852.375

i = 13

1984

-1583.250

  961.125

 1478.125

 -957.500

i = 14

1985

-1521.375

  937.750

 

 

 

Tableau A2 : différences entre les observations et les moyennes mobiles

de 1972 à 1985

 

 

Pour calculer les coefficients saisonniers suivant le modèle multiplicatif :

·        on calcule les moyennes s’j des colonnes du tableau A2 :


1er trimestre

2e trimestre

3e trimestre

4e trimestre


j = 1

j = 2

j = 3

j = 4

moyennes

-1634.606

839.2596

1730.644

-906.2789

·        on calcule la moyenne s’ des termes précédents :

s’ =7.254808

·        on calcule les coefficients saisonniers par la formule sj = s’j – s’

s1

=

-1634.606

-

7.254808

s2

=

839.2596

-

7.254808

s3

=

1730.644

-

7.254808

s4

=

-906.2789

-

7.254808

·        on trouve :

s1

s2

s3

s4

-1641.861

832.005

1723.389

-913.534

 

Calcul des coefficients saisonniers suivant le modèle additif

 

 

 


Les valeurs désaisonnalisées sont définies de la façon suivante dans le cas d’un modèle additif de période 4 :

y’t = y’i,j = yt – st = yi,j – sj

L’indice i indique la ligne et l’indice j la colonne du tableau  correspondant à l’instant t. On a :

t = (i – 1 ) x 4 + j

 

valeurs observées en 1985 yi,j (i = 14, j = 1, 2, 3, 4)

1160.00

3605.00

4211.00

1641.00

coefficients saisonniers sj

-1641.86

832.00

723.39

-913.53

valeurs c.v.s. yi,j – sj

2801.86

2773.00

2487.61

2554.534

Calcul de valeurs corrigées des variations saisonnières.